Item 02: Lettres de Mme. Louis de Freycinet ecrites pendant le voyage autour du Monde de la Corvette l'Uranie, 1817-1819, transcribed and edited by Louis-Claude de Saulces de Freycinet, after 1820 and before 1842 - Page 84
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] croirez-vous ? peu s’en fallut que cette terre, que je maudissais presque, ne devint l’objet de mes regret. Ayant appareillé a onze heures du matin, le 26 7bre, par une jolie brise, nous n’étions pas encore sortit de la Baie des Chiens Marines que, vers 6 heures du soir, le fond qu’on ne cessait d’interroger, en sondant continuellement. Diminua tout-à-coup, et quoique déjà éloigné de terre, le vaisseau touche sur un banc de sable. Je ne puis vous peindre l’émotion que cause l’immobilité subite d’un vaisseau qui touche. Hélas ! je n’avais été que trop occupée d’avance de la situation affreuse de voyageuse naufrageant dans ces parages. L’imagination frappe s’arrête difficilement : je crus le pauvre Uranie perdue sans ressource et nous .. ! Louis se figurant bien mon effroi, vint tout courant m’assurer qu’il n’y avait nul danger, et retourne sur le pont où sa présence était nécessaire. La confiance parfait que j’ai dans le savoir de ce cher Commandant diminue beaucoup mes craintes ; mais ce que je ne veux point oublier c’est le procédé aimable de Mr. Quoy notre chirurgien major : pensant bien que je me trouvais seule, et que mon inexpérience me livrait aux plus vives inquiétudes, il visit près de moi ; et comme il a déjà navigué, il a acheva de calmer mon esprit, en m’expliquant fort bien ce qu’on faisait pour nous tirer d’embarras. En effet, les manœuvres que Louis fit faire et la marée montante nous curent bientôt nous remis à flot. On s’empressa de jeter l’ancre pour attendre le jour, et le lendemain nous reprîmes notre route. Par bonheur, nous avions touché sur un fond si doux et si uni que le vaisseau n’en fut nullement offensé. Et nous n’avons pas remarqué avec moins de plaisir, que dans ce momens d’embarras, si pénible pour chacun, Louis n’a eu qu’à