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attention à une circonstance qui, certes, n'eût pas échappé à une femme, c'est que si j'eusse dû me séjour de mon cher Louis, je n'aurais pas fait si gaiement les préparitifs de son départ. Or nous revevions ces messieurs chez nous, les uns ou les autres, depuis plus de 4 mois.
Les orages, les calmes et les vents contraints n'ont pas été les seuls évenements fâcheux de notre navigation dans la Méditerranée. Un élève de [indecipherable] Marins qui désirait par-dessus toute chose faire partir de l'expédition, se trouvant fort loin de Toulon lorsqu'il apprit le départ prochain, traversa la france en toute hâte pressé par la crainte que déjà le vaisseau ne fût parti. Il arriva à Toulon malade, mais il dissimula son mal, par excès de zèle, s'embarqua, fut pris de la fevre dans cet état d'épuisement et succomba peu de jours après. Il reçut avant de mourir tous les secours de la religion.
Tant d'événements plus ou moins facheux dès le commencement d'une navigation qui doit être longue, ne vous paraitront-ils pas réunis, à dessin d'éprouver mon jeune courage? Notre respectable aumonier se concilie l'estime générale: c'est un homme qui a vécu en bonne compagnie, grave sans fierté ni pédanterie, indulgent et gai sans familiarité: il remplit les fonctions de son ministère avec beaucoup de dignité, il est bon et charitable, enfin tel qu'il convenait qu'il fût, pour une expédition longue et pénible, comme la notre doit l'être.
Bien que dès le 31 J'er nous ayons vu de loin les cote d'Espagne, des orages fréquents, suivis de calmes très longs auxquels succède ordinairement un vent contraire, nous réduisent à n'avancer qu'en convoyant; nous apercevons tantot les cotes de